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14/10/2013

Jacques Roux, le curé rouge

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1752-1794 . Figure incendiaire, l'abbé Jacques Roux est aux côtés des petites gens affamés par la crise des subsistances. Il siège à la Commune de Paris, critique la notion de propriété, multiplie les attaques contre les riches, justifie les pillages des boutiques, il devient l'un des chefs des « enragés ». Pour Robespierre et Marat, son mentor, il va trop loin...

Les traîtres, les hypocrites et les fripons, ce n'était pas le calice de l'inflexible et énigmatique abbé Jacques Roux, le « curé rouge », le pourfendeur des élites, le prédicateur des sans-culottes. Il n'avait certes pas l'éloquence d'un Saint-Just, d'un Robespierre ou d'un Danton, mais les modernistes (les spécialistes des XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles) n'ont pas manqué de lui donner sa part dans le grand livre de l'histoire de la Révolution française. Avant eux, Marx l'a reconnu comme un précurseur de l'idée communiste, Jaurès a réhabilité celui qui n'était jusqu'alors qu'un exalté pur et dur, l'historien Albert Mathiez l'a qualifié de « prêtre socialiste ». Mais c'est bien plus de Babeuf et de son idéal de mise en commun des richesses qu'il faudrait rapprocher Jacques Roux, le Charentais qui enrageait.

jacques roux,révolution françaiseCharentais... Il est né en 1752 à Pranzac, un petit village tranquille près d'Angoulême. Issu d'une famille « bourgeoise » des confins du Périgord (son père était lieutenant juge assesseur au marquisat de Pranzac et ancien officier du régiment de Hainaut), le jeune Jacques fait des études au séminaire d'Angoulême, y devient professeur de philosophie et de physique avant d'être ordonné prêtre et nommé vicaire.

C'est au cours de ce séjour dans la capitale de l'Angoumois que Jacques Roux est mêlé à une obscure affaire de meurtre : un subalterne du séminaire, le frère Ancelot, fit feu une nuit sur des jeunes qui avaient pris l'habitude de lancer des pierres contre les fenêtres de l'établissement et tua l'un d'eux, un fils de notable. Il prétendit ensuite que l'abbé Jacques Roux lui avait conseillé de veiller et au besoin de tirer pour effrayer les importuns, probablement des séminaristes voulant se venger de la sévérité de leur professeur. Roux, réfugié un temps à Pranzac, est arrêté, ainsi que le supérieur et trois autres prêtres, mais les inculpés feront appel au Parlement de Paris et seront finalement libérés.

On retrouve ensuite Roux desservant à Saintes, aumônier, puis vicaire à Cozes ; sa hiérarchie lui attribue de la « régularité » et des « moeurs irréprochables ». Sous les traits de l'agneau, le vicaire de Cozes se mue parfois en un étrange plumitif dans une feuille locale le Journal de Saintonge et d'Angoumois, en « rimailleur » et en « poétereau emporté par un délire aveugle », selon le directeur de la publication, s'attirant les quolibets pour ses vers abscons et ses attaques virulentes de personnalités civiles et religieuses qui ne lui avaient sans doute pas pardonné son passage en Angoumois.

 Il est déplacé, un an avant la Révolution, à Saint-Thomas-de-Conac, où ses fidèles, dit-on, l'« idolâtraient » pour sa générosité. C'est là, dans cette région proche de l'estuaire de la - Gironde, qu'il passe l'année 1789, sans faire autrement parler de lui que de s'enthousiasmer pour la prise de la Bastille. Dans sa petite église, il prononce son premier « prêche civique », où il célèbre le « triomphe des braves Parisiens sur les ennemis du bien public ». Il partage aussi avec ses paroissiens la grande déception de la nuit du 4 août, qui laissait les droits seigneuriaux rachetables et conservait la plupart des anciens impôts.

Au printemps 1790, moins de dix jours après son départ, pour Ambleville cette fois, les paysans de Saint-Thomas-de Conac se soulèvent contre les droits seigneuriaux rachetables, brûlent deux châteaux et les chiens du seigneur sont mis à la broche. Roux ne participa pas directement à ces émeutes, mais il en est tenu pour responsable, ayant « prêché la doctrine dangereuse qui annonçait aux peuples que les terres appartenaient à tous également », selon l'affirmation du commissaire du roi, Turpin.

Révoqué, frappé d'interdit, Jacques Roux gagne Paris. Le 16 janvier 1791, dans l'église Saint-Sulpice, il prête serment à la Constitution civile du clergé : vicaire de Saint-Nicolas-des-Champs, il habite la section très peuplée et très pauvre des Gravilliers, tout en fréquentant le club des Cordeliers. Proche de Marat, qu'il héberge lorsque celui-ci était « persécuté par Lafayette », Roux gagne le surnom de « petit Marat ». Ses

interventions enflammées défendant les droits des petites gens font de lui le « prêtre des sans-culottes ». En mai 1792, en chaire, il demande la peine de mort contre les accapareurs et les fabricants de faux assignats, ainsi que l'interdiction de l'exportation des grains

et l'établissement de magasins publics. Lors de la journée nationale du 10 août, marquant la chute de la royauté, il est aux côtés des insurgés, mais il ne sera élu ni au Tribunal révolutionnaire ni à la Convention, et se contente, non sans amertume, de représenter sa section au conseil général de la Commune. Chargé, en tant que membre de la - municipalité, d'assister à l'exécution de Louis XVI, on lui prête une grande brutalité vis-à-vis du roi déchu. Et sa réplique, réelle ou supposée, à Louis XVI qui lui tendait son testament pour le remettre à la reine - « Cela ne me regarde point. Je ne suis pas ici pour faire vos commissions mais pour vous conduire à l'échafaud » - lui vaudra pour longtemps les foudres de la postérité.

Mais, à ce moment, si la Révolution avait anéanti la monarchie, exécuté le roi et instauré la République, les Montagnards, restés maîtres de la situation, avaient l'impérieux devoir de donner du pain au peuple. Or les denrées étaient rares et chères, les files d'attente se reformèrent devant les boutiques et la colère de la rue grondait. Désormais, la Convention devait tenir compte d'un foyer d'agitation, incontrôlable, les sans-culottes. Le mécontentement fut relayé par une poignée d'hommes et de femmes à la gauche de la « sainte Montagne ». Au sein de ce petit groupe, dit des « enragés », figurent Jacques Roux, Jean-François Varlet, Jean Leclerc et sa femme, Pauline Léon, proche de Claire Lacombe à la Société des citoyennes républicaines révolutionnaires.

Le 25 février 1793 - « la journée de Jacques Roux », selon Jaurès - les épiceries du quartier des Lombards sont toutes envahies par des ménagères qui se font délivrer du sucre, du café et du savon en dessous de leurs cours, tandis que Roux commente les événements à la Commune : « Je pense, au surplus, que les épiciers n'ont fait que restituer au peuple ce qu'ils lui faisaient payer beaucoup trop cher depuis longtemps », avant d'ajouter que cette journée « eût été plus belle encore s'il y avait eu quelques têtes coupées ». Le 25 juin 1793, il vient lire à la Convention un texte qualifié de « manifeste des enragés » par l'historien Albert Mathiez.

Roux y évoque la situation dramatique du peuple, menacé par les envahisseurs et affamé par les « agioteurs », il critique la mollesse des administrations, exige des mesures rapides et sévères contre l'agiotage et les accapareurs, la taxation des denrées, l'impôt progressif, et prône la démocratie directe et la surveillance du gouvernement par les électeurs. Il prône une répression violente au niveau économique. Il dénonce la faiblesse de la Constitution de l'an I, votée la veille, et parle de « crime de lèse-nation » de la part de ses rédacteurs. « La liberté n'est qu'un vain fantôme quand une classe d'hommes peut affamer l'autre impunément. L'égalité n'est qu'un vain fantôme quand le riche, par le monopole, exerce le droit de vie et de mort sur son semblable. La République n'est qu'un vain fantôme quand la contre-révolution s'opère de jour en jour par le prix des denrées, auquel les trois quarts des citoyens ne peuvent atteindre sans verser des larmes. Les riches seuls, depuis quatre ans, ont profité des avantages de la - Révolution. Il est temps que le combat à mort que l'égoïste livre à la classe la plus laborieuse de la société finisse. »

Son intervention déclenche un tollé général. Chassé, traqué par Robespierre, qui prononça un réquisitoire contre cet « intrigant qui veut s'élever sur les débris des puissances que nous avons abattues », désavoué par Marat, qui, dix jours avant son assassinat (13 juillet 1793), lui reprochait de « jeter les bons citoyens dans les démarches violentes, hasardées, téméraires et désastreuses », et également par les hébertistes, le « boutefeu de la section de Gravilliers » est radié du club des Cordeliers. Le jour même des funérailles de l'Ami du peuple, Roux tente de récupérer le souvenir du « martyr de la République » et fait paraître un journal, le Publiciste de la République française, par l'ombre de Marat. Il y poursuit sa campagne et écrira quelques jours après : « Les productions de la terre, comme les éléments, appartiennent à tous les hommes. Le commerce et le droit de propriété ne sauraient consister à faire mourir de misère et d'inanition ses semblables. » Le 22 juillet, il prononce l'oraison funèbre de - Marat à Saint-Nicolas-des-Champs. Le 5 septembre la pression populaire s'exerce à la Convention, où « la terreur est à l'ordre du jour » (Barère). Roux n'a guère le temps de s'en réjouir, il est arrêté et emprisonné. Varlet et les principaux chefs des « enragés » suivront.

Traité en suspect et en ennemi de la République, Roux comprend que son sort est scellé et se poignarde dans sa cellule. La première tentative échoue, mais il parvient à se suicider le 10 février 1794, peu avant les exécutions des hébertistes et des dantonistes. Jacques Roux a été la seule victime du groupe des « enragés », tous les autres ayant survécu. Il a pressenti que la vie chère conduit à la révolution, et sa lutte contre les « accapareurs » le portait intuitivement à remettre en cause le droit de propriété.

 Le « curé rouge », qui en demandait beaucoup, trop pour Robespierre, était confusément socialiste, sans doctrine cohérente, mais son aspiration égalitaire préfigure des formes autrement plus élaborées, comme le communisme rural de l'Ange ou la doctrine sociale des babouvistes exposée dans le -Manifeste des Égaux.

Bernard Duraud

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24/08/2013

Victor Hugues, corsaire de la Révolution

victor-hugues.gif1761-1826 . Personnage énigmatique, le commissaire civil délégué par la Convention aux Isles-du-Vent a épousé tous les méandres de son époque.

À la Guadeloupe, il usa de l'émancipation des esclaves noirs comme d'une arme dans la guerre contre l'Angleterre, ralliant à son armée les nouveaux libres acquis à la cause républicaine, faisant tomber les têtes des colons blancs royalistes.

Le même, huit ans plus tard, fit appliquer avec zèle, à la Guyane, le décret de Bonaparte rétablissant l'esclavage.

«C ette nuit j'ai vu se dresser à nouveau la Machine. C'était, à la proue, comme une porte ouverte sur le ciel. » Surle pont du navire qui transporte le commissaire civil délégué par la Convention aux Isles-du-Vent, une guillotine se dresse, redoutable instrument enfanté par la terreur et la vertu. La lugubre vision ouvre le Siècle des Lumières, le roman que le Cubain Alejo Carpentier consacra à l'équivoque personnage de Victor Hugues.

Investi de pouvoirs illimités par le Comité de salut public, le révolutionnaire débarque au Gosier, en Guadeloupe, à la fin du printemps 1794. Il apporte le décret du 16 pluviôse qui « abolit l'esclavage des Nègres dans les colonies ». Adopté par la Convention nationale après que Léger-Félicité Sonthonax et Étienne Polverel eurent proclamé l'émancipation des esclaves de Saint-Domingue, le texte dispose que « tous les hommes, sans distinction de couleur, domiciliés dans les colonies, sont citoyens français, et jouiront de tous les droits assurés par la Constitution ». Victor Hugues est chargé de faire appliquer la nouvelle législation dans les colonies françaises de la Caraïbe.

Ce fils d'un boulanger marseillais, qui s'est embarqué dès l'âge de treize ans comme mousse à destination des Amériques, est un personnage énigmatique. Tour à tour flibustier, commerçant, imprimeur, il séjourne pendant près de dix ans à Saint-Domingue, où il fréquente une loge maçonnique et s'imprègne des idéaux des Lumières. À la veille de l'insurrection des esclaves dirigée par Toussaint Louverture, Victor Hugues, pourtant philanthrope et humaniste, se méfie des revendications égalitaires des libres de couleur. Chez lui, comme chez la plupart des révolutionnaires, un incommensurable abîme sépare encore le réel de l'idéal. Fuyant les troubles qui agitent la Grande Île, il revient en France au début de 1790. À Paris, il se mêle aux sans-culottes, affûte ses talents de polémiste, rejoint le club des Jacobins. Un rôle d'accusateur public au tribunal révolutionnaire de Rochefort, puis de Brest, forgera sa réputation de procureur impitoyable.

Lorsqu'il revient dans la Caraïbe, en juin 1794, son mandat tient en quelques mots : « Établir solidement les principes de la Révolution dans les Isles-du-Vent, y défendre la République contre toute agression étrangère (...), punir exemplairement les contre-révolutionnaires. » Dans ces îles d'Amérique se joue alors l'un des actes de la guerre opposant la jeune République à la coalition des monarchies d'Europe. Le 23 mars, malgré la résistance des troupes de Rochambeau, la Martinique est tombée aux mains des Anglais avec l'appui des colons blancs royalistes, opposés à cette abolition au nom de laquelle ont éclaté maintes insurrections. La Guadeloupe, elle aussi, est occupée.

Révolution française 220 ans après, corsaire, Victor HuguesLa reconquête de cette dernière est impensable sans l'appui des esclaves noirs, majoritaires dans l'île. Habile tacticien, Victor Hugues usera de leur émancipation comme d'une arme. « Libérer les Noirs, c'était créer une armée pour combattre les maîtres d'esclaves, alliés des Anglais », résume l'historien martiniquais Armand Nicolas. Dès le 7 juin, le commissaire proclame l'abolition et recrute une armée de Noirs et de Mulâtres qui repousse la flotte anglaise et reprend possession de la Grande-Terre. Le 6 octobre 1794, les Anglais capitulent à Basse-Terre. Victor Hugues se retourne dès lors contre leurs complices. Le Tribunal révolutionnaire qu'il installe fait fonctionner la Machine à plein régime. Les têtes des planteurs royalistes tombent. Ceux qui échappent à la guillotine prennent la fuite. En 1790, l'île compte 9 371 Blancs. Cinq ans plus tard, ils ne sont plus que 1 092, dont 255 hommes.

Mais le camp « contre-révolutionnaire » s'étend à mesure que s'affirme l'intransigeance de l'Investi de pouvoirs. De nouveaux affranchis hostiles au système de travail « forcé » institué par les autorités révolutionnaires sur les habitations abandonnées par les maîtres seront, eux aussi, conduits à l'échafaud. Il reste qu'au coeur même de la Terreur, le nouveau régime, avec toutes ses contradictions, fait souffler sur la colonie un vent de liberté.

La Guadeloupe reconquise par la République, Victor Hugues en fait une base arrière de ses offensives contre les Anglais. Il noue des alliances avec les Indiens Caraïbes de Saint-Vincent, regagne Sainte-Lucie, lance des corsaires à l'assaut des navires de la rivale impériale, s'accommode de la revente des esclaves pris aux Anglais. Si les multiples tentatives pour reprendre possession de la Martinique n'ont pas réussi, cette « guerre de course » terrorise l'ennemi et assure à la Guadeloupe des rentrées financières appréciées de Paris.

Louant le « caractère empli d'énergie et d'audace » de cet homme « d'apparence médiocre, de manières vulgaires, de mauvaise éducation », l'aventurier Alexandre Moreau de Jonnès rapporte que Victor Hugues « lutta contre ses ennemis avec un bonheur dont aucun autre, avant et après lui, n'a pu donner l'exemple ».

À la Guadeloupe, il se fait gestionnaire sourcilleux, inflexible gardien de la séparation des pouvoirs, pourfendeur des croyances religieuses. Ce fin politique, mû par l'obsession de l'ordre, régentera l'île durant quatre ans.

Dans ce nouveau monde lointain, où l'écho des bouleversements qui se nouent à Paris parvient à contretemps, le coup d'État du 9 thermidor ne signe pas la chute du « Robespierre des îles ». Ses détracteurs invoqueront sa duplicité, plutôt que la distance, pour expliquer son exceptionnelle longévité. L'homme, il est vrai, sait louvoyer, contourner les tempêtes, épouser jusqu'à se dédire les méandres de son époque. En décembre 1798, le Directoire le rappelle à Paris. Un an plus tard, le Consulat le dépêche en Guyane, où il institue un régime de travail forcé, prélude au rétablissement de l'esclavage. Victor Hugues, commissaire, puis proconsul de la colonie, fera exécuter le décret du 30 floréal an X rendant les anciens esclaves à leurs chaînes avec autant de zèle qu'il fit appliquer en Guadeloupe le décret d'abolition de la Convention. « Si rétablir l'esclavage est une nécessité politique, je dois m'incliner devant elle », lui fait dire Alejo Carpentier.

Victor Hugues fait ensuite appliquer à la lettre le Code civil, qui interdit strictement les mariages entre Noirs et Blancs, n'admet l'adoption qu'entre personnes de même couleur, frappe de nullité les donations d'un Blanc à un Noir. On dit le proconsul autoritaire, orageux, tyrannique. L'impôt qu'il instaure, surtout, cristallise le mécontentement à son endroit.

Déporté au bagne de Cayenne après le coup d'État de fructidor, le journaliste et chansonnier monarchiste Louis-Ange Pitou brosse de lui un portrait aussi féroce qu'admiratif : « Son caractère est un mélange incompréhensible de bien et de mal ; il est brave et menteur à l'excès, cruel et sensible, politique, inconséquent et indiscret, téméraire et pusillanime, despote et rampant, ambitieux et fourbe, parfois loyal et simple ; son coeur ne mûrit aucune affection ; il porte tout à l'excès : quoique les impressions passent dans son âme avec la rapidité de la foudre, elles y laissent toutes une empreinte marquée et terrible ; il reconnaît le mérite lors même qu'il l'opprime : il dévore un esprit faible ; il respecte, il craint un adversaire dangereux dont il triomphe. (...) Le crime et la vertu ne lui répugnent pas plus à employer l'un que l'autre, quoiqu'il en sache bien faire la différence. (...) Il est administrateur sévère, juge équitable et éclairé quand il n'écoute que sa conscience et ses lumières. C'est un excellent homme dans les crises difficiles où il n'y a rien à ménager. »

Après la conquête de la Guyane par les Portugais, en 1809, Victor Hugues est accusé de trahison, puis acquitté. Il est rétabli dans ses fonctions en 1817. Il s'éteint en 1826, après avoir traversé tous les régimes. Arrivé au Nouveau Monde avec la liberté, il aura emprunté sans états d'âme les chemins tortueux qui menèrent à la restauration de l'ancienne servitude.

Rosa Moussaoui

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07/04/2013

ROBESPIERRE, L'INCORRUPTIBLE !

revorobespierre.jpgEn 1789, les membres de la Constituante remarquent dans leurs rangs un député vêtu avec élégance, aux yeux clignotants derrière des besicles, à la dialectique un peu sèche. Maximilien de Robespierre ( né à Arras le 6 mai 1758) est arrivé à Versailles imbu des doctrines de Rousseau.

Issu d'unefamille de robins d'Arras, orphelin, jeune et pauvre, ce jeune avocat a fait de sérieuses études chez les Oratoriens de sa ville natale, puis comme boursier à Louis-le-Grand.

Elu député du Tiers, il réclame la liberté d'opinion, de presse, de réunion, et combat avec force le "veto royal".

Sous la Législative, il tente en vain, au club des Jacobins, de s'opposer à la déclaration de guerre. Depuis l'affaire de Varennes, ses principes révolutionnaires se sont durcis. S'il ne participe pas à la prise des Tuileries, il entre au conseil général de la Commune et réclame la déchéance du roi.

En septembre 1792, les Parisiens l'élisent à la convention : il siège avec la Montagne et se voit dénoncé par les Girondins comme aspirant dictateur. En réponse, il les fera évincer du club des Jacobins.

 Pour régler le sort du roi, il propose une exécution par décret, sans jugement. Cependant, le procès aura lieu et il vote la mort. En même temps, il mène la lutte contre les Girondins, qui tombent le 2 juin. Les obstacles s'effacent devant Robespierre. Après avoir éliminé Danton du Comité de salut public, il y entre à son tour et en devient le véritable chef.

Estimant que le salut public exige un pouvoir dictatorial, il pousse à l'établissement d'un gouvernement révolutionnaire. Pour réaliser son idéal, toutes les rigueurs lui semblent légitimes et il mène la terreur, qui, accompagnée de la vertu, est seule capable de briser les complots. Ses collègues reconnaissent d'ailleurs son austérité de vie, son mépris de l'argent ( on le surnomme l'Incorruptible), sa clairvoyance politique, lui valent une immense réputation à Paris.

Robespierre demeure seul au pouvoir avec ses fidèles : Couthon, Saint-Just, son frère Augustin. Déiste, il crée le culte de l'Etre suprême, ce qui irrite les athées de la Convention. En juin, il fait voter la terrible loi du 22 prairial an II qui ouvre éal social. S'il accepte certaines mesures économiques, il n'admet pourtant pas les excès des "Enragés".

Il frappe successivement à gauche les hébertistes, à droite les "Indulgents", parmi lesquels Danton et Desmoulins ( mars-avril 1794). Cependant, les victoires républicaines ne paraissent pas justifier tant de rigueur. A la Convention, les intrigues se multiplient contre l'Incorruptible. Elles aboutiront à la journée du 9 Thermidor, qui verra la chute de Robespierre. Celui-ci sera guillotiné avec ses amis le 10 thermidor an II. ( 28 juillet 1794).

 

 

 

Henri Philippe Joseph Guillemin, né le 19 mars 1903 à Mâcon en Saône-et-Loire, Bourgogne) et mort le 4 mai 1992 à Neuchâtel en Suisse, est un historien, critique littéraire, conférencier et polémiste français reconnu pour ses talents de conteur historique et pour ses travaux sur les grands personnages de l'histoire de France.

Il est aujourd'hui encore critiqué ou admiré pour son honnêteté vis-à-vis de l'histoire et pour ses révélations sur certaines grandes personnalités (notamment Napoléon Bonaparte, Philippe Pétain, Jeanne d'Arc, Jean-Jacques Rousseau, etc.) et certaines grandes affaires de l'histoire française (l'Affaire Dreyfus par exemple).